Société d’ Histoire de Revel Saint-Ferréol                                        LES CAHIERS DE L’ HISTOIRE

 

 

 

Conférence de Bernard Blancotte au Ciné GET à Revel lors de la commémoration des

FETES DU  BICENTENAIRE  du PIPPERMINT GET ...

1796 – 1996

 

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  ----   Texte retranscrit dans son intégralité à partir de cassette VHS  par J.P. Calvet ----
---- Cassette enregistrée par l’équipe vidéo de la Société d’Histoire de Revel Saint-Ferréol. ----

 

 

     Monsieur le Maire, Madame, Mesdames et Messieurs les Adjoints et Conseillers Municipaux, Mesdames et Messieurs les Apparentés et Descendants de la lignée de la famille GET, Madame Gabolde, Monsieur le Président et Directeur de l'Office de Tourisme, Mesdames et Messieurs de la Société d'Histoire, Monsieur Etienne Roussilhe, Messieurs les membres de la presse, Mesdames, Mesdemoiselles et Messieurs mes chers amis ... avant que je ne commence cette conférence et en guise de préambule, je me dois de vous dire que Monsieur Roger Vila Mir, maître d'œuvre de ce bicentenaire, me demandait voici quelques mois, de préparer cette conférence que je lui déclinais, étant dans l'obligation de terminer certains travaux importants touchant à l’imprimerie.

     A quelques temps de là, j'appris le décès de mon ami et condisciple de collège, je cite, le Colonel Paul Redon.

     Dès lors, obtenant un délai pour mener à bien mes travaux, j'acceptais de préparer cette conférence.

     J'ajoute que j'eus de nombreux entretiens téléphoniques avec le regretté Jacques Gabolde qui m'éclaira  sur le sujet de ce soir.

 

     C'est donc à Paul Redon et à Jacques Gabolde que je dédie cette conférence pour honorer leur mémoire .

 

     Je remercie tout ceux qui me fournirent les éléments de base à distance - j’espère n'oublier personne -  Mademoiselle Andrée Rispail, Jean Hébrard qui a effectué un travail de généalogiste, Jean Roussilhe,  Monsieur Jean Jacques Imart pour les problèmes de son, Monsieur Joseph Letoullec, René Chazottes,  je ne saurai oublier bien sur le Docteur Francis Pujol pour nous avoir communiqué aimablement la valse brillante de Pippermint Get.

     Je remercie Monsieur Georges Ramirez qui est le technicien du son que l'on connait.

     A tous merci et merci à Jacques Batigne, maître d'ouvrage de cette exposition de ce bicentenaire, dont il rêvait depuis 20 ans .

 

 

     (applaudissements)  la valse brillante de Déodat de Séverac est « jouée » dans le Ciné Get ... ....

     
Titre de cette conférence " Dans le vert paradis du pippermint GET "

ou si vous préférez  " La fabuleuse histoire des GET ".

 

     GET... un nom prestigieux.

     L'histoire d'une famille, un nom touchant à la légende au point qu’on peut dire " la Saga des Get ".

 

     Oui une fabuleuse et fantastique histoire. Les GET et le Pippermint se confondent et sont à jamais liés à l'histoire de Revel.

     Il me faudrait, mais je ne l'ai pas, le pouvoir  d'un magicien pour vous faire sentir  de façon olfactive et gustative l'odeur agréable et pénétrante, la saveur unique du Pippermint.

 

     Je n'ai que des mots, mais en disant seulement "Pippermint GET", je suis sur, tellement sur, qu' aussitôt cette liqueur de menthe vous rafraîchit  et vous communique à la fois son arôme et son pouvoir capiteux.

 

     Le Pippermint, une spécialité tenant à sa couleur émeraude, à son incomparable esthésité(0) et n'ayons pas peur des termes  « à l'enivrante sensualité » qui vous envahie dès les premières gorgées. En un mot toute la volupté de la menthe poivrée savamment et secrètement préparée ici à Revel.

 

     Tous les revélois - tous les revélois savent que les GET, la famille, descendants et alliés  portèrent sur les cinq continents le renom de notre bastide grâce à leur bouteille unique élégamment, originellement présentée, parure  de l'inégalable liqueur. Plus qu'un contenant cette bouteille, pour moi, pour vous,  une ambassadrice...

 

     Les GET  une dynastie.

     Leur domaine, ces murs témoins de tant de préparations, de recherches, pour aboutir  au perfectionnement de leurs produits.

     Des murs témoins  où nous sommes aujourd'hui pour célébrer ce qui fut une des  fiertés de Revel ...

     Avant même que d'évoquer l'extraordinaire et fascinante histoire  des GET, du pippermint et autres productions, il est juste de dire combien les fondateurs, successeurs, surent joindre à leur art de liquoristes la maîtrise des techniques, la mise en place d'éléments  commerciaux, notamment l'étude de marchés, et ce alors que le terme marketing ne devait venir d'outre atlantique qu'en 1959 ...

 

     Et bien à présent, si vous le voulez bien, place à l'histoire des GET et de leur pippermint.

 

     A la base nous avons quatre familles qui par les mariages, les alliances et à travers mains épisodes convergeront et se rejoindront avec pour aboutissement la fabrique l’établissement de la fabrique Get.

     
Quatre familles : les Pons de Lodève, les Borelli de Castelnaudary, les Sablié de Lodève et les Get de Castelnaudary .

     Un dédale propre à ravir un généalogiste - et je cite Jean Hébrard - « tant les rameaux sont multiples ».

     
Nous sommes en 1787, Calonne (Charles, Alexandre) ministre de Louis XVI, voulant faire payer une subvention territoriale par les propriétaires - là haut à la cour, à Versailles - est mis en disgrâce.

     A Revel, on entreprends à la même époque la réalisation d’un boulevard que nous connaissons tous. C’est alors ... c’est alors qu’arrive François Pons, venant de l’Hérault et là à Revel il va – pas très loin d’ici à Sorèze -  il épouse, s’éprend d’une sorézienne.

     
1796, à Paris la Convention à fait place au Directoire.

 

     A Revel on compte 11 boulangers, 23 marchands de vins, 12 épiciers, des tisserands, des apothicaires et ... Pons, distillateur.

 

     Celui ci crée une distillerie où il fabrique entre autre une crème à base de menthe, sans doute dans un local modeste, peut-être une remise .

     A l’époque il faut dire qu’on distillait beaucoup, les plantes n’avaient aucun secret pour les distillateurs quelque peu chimistes.

     Ce François Pons et son épouse élisent domicile à l'angle de la rue de Vauré et de l'actuelle rue Victor Hugo.

     Sept enfants - comme le Petit Poucet -  naissent dans leur foyer et seuls hélas deux d'entre eux survivront : l'ainée Victoire Marie Dorothée et un garçon Isidore François Pons né en 1804.

     La fille Victoire Marie Dorothée  épouse son voisin de la rue de Castres, Jean Louis Pinel, un pharmacien venu des hauteurs de Saint-Félix.

 

     François Pons et son gendre Pinel vont établir à Revel une société, la Société - tout simplement - Pons Pinel.

     C'est à l'époque napoléonienne suivi de la Restauration, le beau-père et le gendre mènent de front distillerie et entreprise des bâtiments; ils touchent un petit peu à tout.

 

     Le fils de François Pons – Isidore - qui a grandi parmi les alambics de son père, à de qui tenir.

     Il s'affirme comme distillateur-chimiste et vend sa menthe dans une bouteille à long col et à 38 ans, il épouse une Henriette Zoé de Bonnefoy  et cet Isidore François Pons va faire prospérer la distillerie créée par son père. Il est aidé en  cela  par Pierre-Gaspard Dirat,  son voyageur représentant.

     
Voyons à présent si vous le voulez bien, le cheminement de la deuxième famille: les Borelli de Castelnaudary.

 

     Un  Borelli s'est distingué dans la fabrication de la moutarde. Le petit fils de ce moutardier, le dénommé Paul Borelli,   vient de Revel je cite : « de la poste aux lettres de notre ville ».

 

     Il se marie mais devient veuf avec lui aussi sept enfants à charge. Il se remarie avec une Marie Barthes  et en 1797 il n'est plus directeur de la poste mais  simplement marchand épicier.

 

     Disons que diriger la poste ne nourrie guère son homme ... à l'époque. C'est là une fonction beaucoup plus honorifique que lucrative.

     
En 1807, à l'apogée de Napoléon,  Paul Borelli devient buraliste pour la recette des droits et de la régie de Revel et de Roumens .

     La naissance d'une fille vient éclairer son deuxième mariage, elle se prénomme Jacquette. Elle va jouer un rôle important.

     Par Jacquette, nous arrivons à la troisième famille -  lorsqu'elle épouse Fulcran - c’est un prénom bien oublié - Fulcran Sablier , un sous-lieutenant de cavalerie  non en activité venu de Lodève. 

     A Revel, ce Fulcran Sablier va devenir lui aussi, directeur de la poste aux lettres et en plus préparateur chez Isidore Pons à la distillerie ... et les Get  me direz vous ...  C’est la quatrième famille - c'est la quatrième famille  qui entre en lice, c'est elle qui va marquer à jamais la notoriété  de la maison GET en assurant  un succès exceptionnel à une de ses liqueurs : le Pippermint.

 

     Les GET, originaires de Castelnaudary - comme en témoignent les archives recherchées patiemment par notre ami Jean Hébrard - et bien les GET à Castelnaudary travaillent le cuir - j'ai bien dit le cuir - il en est ainsi  de Jacques Get qui est un artisan bourrelier.

 

     Son fils Jean s'élèvera dans la profession devenant même « Maître Cordonnier pour femme » . Ses enfants poursuivent la tradition familiale,  c'est à dire celle du cuir.

     Une des filles, Marie, épousera un bourrelier de Castelnaudary en la personne d'un nommé Bernard Rousille.

     Le benjamin Jean Pierre va s'expatrier - oh il ne va pas très loin -   de Castelnaudary il vient à Revel. C'est l'époque Napoléonienne, il va parfaire son apprentissage de bourrelier chez Jean Saury qui tient boutique rue Saint-Antoine peut-être non loin de la place du Paty.

 

     A vingt six ans notre Jean Pierre GET, devenu maître bourrelier,  épouse tout simplement la fille de son patron Marie Saury.

 

     Le couple s'installe non loin du beau-père Saury à l’entrée de la rue de Dreuilhe...

     L'affaire prospère, et le couple va emménager rue Saint-Antoine. Plus tard - mais beaucoup plus tard - vers 1830, ce couple achètera l'arrière  de la maison qui porte à l’heure actuelle le numéro 24.

 

     Jean Pierre GET et sa femme Marie auront quatre enfants nés dans l’actuelle rue Marius Audouy.

     Mais hélas, les deux aînés meurent en bas âge. Il leur reste Jean Get, né le 25 février 1818 et Pierre Get né aussi un 25 février en 1824. L’un comme l’autre auront une belle scolarité.

     L’aîné Jean Get va fréquenter d’abord, l’Ecole des Frères qui se trouvait à l’angle de la rue du Taur et de la rue des Teinturiers c’est à dire la rue actuelle dénommée « rue du Temple »..

     Jean Get sera ensuite un brillant élève au collège de Revel, qui se situait à l’époque dans la mairie actuelle.

     Ensuite, il va poursuivre des études de commerce, vraisemblablement à Castelnaudary.

 

     Situons l’époque ...Depuis 1830 la France a un roi citoyen, bourgeois, libéral, Louis Philippe 1er.
A Revel, on a transféré la mairie « angle rue de Dreuilhe et rue des Sœurs », et mis en chantier la reconstruction du beffroi détruit par un incendie en 1829.

 

     Excellent scolarité également pour le frère, c’est à dire pour le cadet Pierre Get.

     Si le père de Jean et Pierre Get est fier de ses enfants, s’il pense pouvoir leur confier son affaire de bourrellerie, le cher homme se trompe.

 

     Fini ! C’est fini la tradition du travail du cuir chez les Get. Ses fils Jean et Pierre vont prendre le chemin tout simplement de la distillerie Pons.

 

     Par le jeu des alliances familiales, va s’opérer peu à peu la jonction des Borelli, des Sablier, des Get et des Pons.

 

     - Les différentes pièces du puzzle s’assemblent  -
.

     1842, Jean Get  a 24 ans, il épouse Victoire Marie qui a  16 ans - beaucoup plus jeune que lui - fille du fameux Fulcran Xavier, déjà préparateur lui, à la distillerie Pons.

     Les jeunes mariés vivent rue de Vauré, ce Fulcran Xavier celui ci bien que préparateur chez Pons va tenir un temps le bureau de poste jusqu’à que sa fille Victoire Marie le remplace – et on dit même qu’un temps, elle aura à la poste sous ses ordres, son mari Jean Get qui travaille également comme comptable à la distillerie Isidore Pons - en famille auprès de son beau père, Fulcran Xavier, le préparateur  évidemment dans un décor de cornues et d’alambics...

     Sur le plan familial Jean Get et sa femme auront six enfants,  dont deux feront souche. J’ai cité Marie Louise Isaure  qui épousera un Martin  et cette Marie Louise Isaure sera la centenaire de Revel puisqu’elle décéda en 1951.

     La deuxième fille Antoinette épousera un Gabolde.

     Ses deux filles sont véritablement la source  de la grande lignée des Get.

 

 

     Alors si vous le voulez bien,  allons humer par la pensée,  les parfums de la menthe à la distillerie.

     Sous la direction d’Isidore Pons, nous avons les trois têtes qui font fonctionner l’entreprise.

     Cette entreprise qui produit de plus en plus de la crème de menthe, nous avons là  Pierre-Gaspard Dirat, le voyageur-représentant, Fulcran Xavier déjà nommé,  préparateur-maison, son gendre  Jean Get assurant la comptabilité.

 

     La crème à base de menthe ayant donné à Isidore Pons une certaine fortune – une certaine aisance, celui ci va se retirer en 1843 dans sa propriété route de Montégut, tout le monde connaît le nom de cette propriété « Jean-Vidal », c’est un lieu qui figure sur les compoix depuis le XVème siècle.

 

     Avant de quitter la vie active, Isidore Pons a une idée extraordinaire, géniale  et bien tout simplement il vend sa distillerie à ses employés.

 

     L’affaire devient alors la société en nom collectif – Dirat et Get , qui compte aussi dans ses rangs le jeune Pierre Get, 20 ans, engagé en tant que commis-voyageur depuis le début 1844.

     Quelques mots si vous le voulez bien à propos de la vie familiale de Pierre Get , le cadet, il a épousé une Jeanne Henriette Durand, sans doute fille d’un pharmacien, elle lui donnera cinq enfants dont ne survivront que trois filles. Marie Antoinette qui épousera un Astor, Victor Victoire ou  Paule  Marguerite née en 1868 qui épousera un Malaterre  sans descendance, Marie Augustine née en 1872  qui épousera un fils Astre...

 

   

   

     Revenons à la distillerie Dirat et Get ....

     On peut comparer véritablement son éthique de base à un  tronc allant se ramifiant, avec pour qualités essentielles le souci constant  de parfaire. En l’année 1844 les revélois assistent à l’installation, je le rappelle, de l’horloge à quatre cadrans  dans le beffroi reconstruit Jean Joseph Roquefort  étant maire et étant aussi le futur bienfaiteur de la ville  comme tout le monde le sait .

     1850 la Société Dirat et Get prend de l’importance nécessité alors de bien installer l'entreprise. Ce sera chose faite en implantant aux Escoussières sur les jardins et les fossés de la ville.

     
Cette mise en place mérite quelque peu d'être contée. Nous avions là au début du XIXème siècle un hôtel dit "Hôtel de l'Europe" appartenant à un chaurien,  hôtel s'élevant sur les fossés à la porte des frères actuellement à l’issue de la porte Georges Sabo et s’appuyant sur ce qui restait des anciennes murailles avec à l’arrière, au midi, des jardins.

     Ce bâtiment avait été racheté en 1841, par une Société Lacombe Algans qui hélas fit faillite en 1850.

 

     C’est alors  ... c’est alors que la Société Dirat et Get racheta les dits bâtiment mais aussi ... mais aussi, les anciens fossés s’étendant jusqu’à la porte des Sœurs. C’est là que Dirat et Get établissent des bâtiments annexes devenant nécessaires pour leur entreprise.

     Pour acheter l’endroit, Dirat et Get avaient obtenu l’autorisation en février 1850 de la part de la municipalité. Ils signèrent dit-on une déclaration reconnaissant que la dite autorisation n’était que pure tolérance de la part de la commune.

     Ils s’engageaient à dédommager la commune en payant ce que l’on appelait le droit de repos et d’appui,  reconnaissance oubliée dans les archives à l’époque et nul ne demandant rien à Dirat et Get . 

     1852 Pierre Dirat est élu maire de Revel - un mandat de 1852 à 1858 - et il succède au dénommé Louis Reverdy.

     Bien que maire, Pierre Dirat garde des intérêts  possède l’entreprise Pons où Pierre Get a vraiment acquis, lui, ses galons de représentant.

     En cet été 1852, on a inauguré la gerbe de Saint-Ferréol, ce joyau. Peu après  en octobre de la même année, les revélois et leur maire Pierre Dirat en tête -   ne sont pas contents -  et il y a de quoi .

     Les revélois avaient décoré leur ville en l’honneur du Président  Louis Napoléon Bonaparte qui en visite à Toulouse avait souhaité, avait manifesté son désir de se rendre à Saint-Ferréol pour admirer l’œuvre de Riquet.

     Mais voilà au dernier moment, le Prince-président gagne Carcassonne directement par le chemin de fer sans passer par Revel et les revélois en sont pour leur frais.

 

     1853, la Société à nom collectif Dirat et Get  est prorogée pour dix ans.

     Le préparateur Fulcran Xavier le préparateur de base  s’étant retiré, Pierre Get - disons le mot - prends du poids,  à côté de son frère Jean.

 

     1854, grand événement d’importance pour les transports, et ça jouera d'importance  pour Revel à ce moment là, la Compagnie du Midi inaugure la ligne Castelnaudary – Castres, avec arrêt bien sur à Revel.

     Il est aisé d’imaginer que Pierre Dirat, Maire, son Conseil Municipal et tous les revélois, durent assister au passage du premier train.

     Et voilà ...... qu’avant la fin de son mandat de Maire Pierre Dirat voit disparaître son compagnon du début  Fulcran Xavier, beau-père de Jean Get.

 

     Dès lors – dès lors en 1857, la Société au nom collectif Dirat et Get frères remplace la Société Dirat et Get et la crème de menthe dans cette cascade successive de Sociétés aux appellations différentes ...
Ce ne serait qu’aux environs de 1855 que la crème de menthe aurait été baptisée Pippermint, date, on peut dire, suivie d’un point d’interrogation.

     En 1860, au vieil immeuble où ils fabriquent la menthe, les frères Get auraient donné le nom de « bonbonnière », nom évocateur s’il en fut, confiserie et distillerie se complétant, ce détail étant fourni par le regretté Jacques Gabolde.

 

     Si on se réfère à un important article du journal de Géographie Industrielle et Commerciale paru en 1890, le Pippermint serait sorti des alambics et cornues en 1862, si l’on en croit cet article ...

 

     C’était pour Jean et Pierre Get - c’est ce qu’il faut retenir - le résultat de longues et patientes recherches entre 1855 et 1859, des recherches touchant vers l’alchimie, mais quel résultat pour une menthe fameuse entre toutes, plus riche, plus forte, plus rafraichissante, plus succulente, et j’ajoute une menthe divine. Léger s’était acharné à se procurer toutes les espèces de menthe connues ou moins connues...
Puisque là je cite un extrait de l’article : « la maison Dirat et Get Frères s’en était tenue aux généralités  et s’agrandissant en renommée était encore loin de son apogée » ...  fin de citation ...

 

     Dès 1862 les deux frères vont donner une impulsion colossale à leur affaire.

     A la base du Pippermint, bien sur – la menthe poivrée – utilisée dans l’élaboration de liqueurs,  et non pas un  alcoolat de menthe – médicament obtenu par distillation de l’alcool et de substances aromatiques .

     Chez les Get, un secret, résidant sans doute dans l’art de mêler plusieurs plantes selon une formule transmise par Jean et Pierre Get à leurs descendants.
Il est dit qu’un
Antoine  Marfan, pédiatre de renommée internationale ait conseillé ses cousins avec l’aide du pharmacien Rousilhe, de plus cet Antoine Marfan  devait rédiger des textes mettant en lumière les vertus médicales qui permettent, je cite : «  on y relevait une citation latine du poète Martial(00), « Nec dees ructatis piparecta menta  «  « La menthe poivrée fait roter ». Autre citation empruntée au médecin grec Gallien  et adapté pour la circonstance au pippermint  indiquait « qui pousse à se livrer aux plaisirs de l’amour ». C’était en 1862...

      Mais par la suite , peut-être allons nous le regretter, des textes légaux supprimèrent ces citations. Mais le Pippermint était né !

     Si l’on en croit certains écrits de « beau-papa », Pierre Get s’extasiant devant le résultat obtenu aurait dit : « la crème de menthe a une nouvelle âme » - et l’aîné Jean lui répond « nous devons lui trouver un nom ».

 

     A ce propos ayons à l’esprit que les Get sont du « pays toulousain », l’accent anglais n’est pas le propre de notre région, plus latine qu’anglo-saxonne. De là à apporter crédit au fait que Jean  Get pour traduire menthe  poivrée – « pepper – mint » ai dit  « pippermint » il n’y a qu’un pas .

     La faute d’orthographe involontaire ou non transformant le « PEPPER-MINT » anglais  en « PIPPERMINT »  français  avec suppression du trait d’union, devait servir par la suite à défendre, à imposer cette marque.  S’il en est ainsi, béni soit cette faute !

     Confusion dans l’écriture ou génie commercial,  qu’importe ...

     Comme bon nombre d’auteurs à ce sujet ajoutons: « personne vraiment ne peut trancher ! ».

 

     Mais vrai ! La liqueur idéale est sortie de cette fabrique.

     Et la fameuse bouteille ? Qu’en à ce qui inspira sa forme ?

     On se trouve en présence de plusieurs versions.

     Jean Get aurait été littéralement fasciné par la contemplation d’une lampe à huile lors d’un dîner entre amis.

     On a pu écrire et dire également que souvent dans une auberge de Perpignan, et toujours à la recherche du conditionnement de son produit, il aurait été séduit par la forme des lampes à pétrole, longues, surmontées d’un col-boule finement prolongé.

     On peut aussi croire la tradition familiale - Jean Get aurait trouvé la forme de la célèbre bouteille en observant  la lampe à pétrole chez sa belle famille.

     Un ancien représentant en spiritueux à Paris ........ qu’un fanal de bateau « feu de tribord vert » aurait servi de modèle. Tant et si bien que les marins lors de l’expansion coloniale partant au loin, buvaient du pippermint pour se réconforter ou pour se rafraichir le palais, et disaient : « on va prendre une razade de feu de tribord ».

     Cette expression est du reste confirmée par une phrase figurant dans une brochure des années 30 réalisée par les frères Get.

     Il y est écrit : « dans la marine anglaise on appelle le pippermint à cause de sa couleur et de son éclat « the star board right » - « le feu de tribord ».

 

     A coup sur, de cette bouteille, dont la silhouette rappelle la pureté du cygne se dégage une allure solennelle,  diratique touchant même  à une tradition sacrée.

     Avec le pippermint naissant, Jean Get parie, mise sur la souveraineté du groupe, l’avenir lui donnera raison. Nul ne résistera à la « fée verte » des frères Get.

     Revenons si vous le voulez bien à la période précédent la création du Pippermint , pour mieux approcher Jean Get homme public.

 

     Depuis mars 1958, Pierre Dirat a terminé son mandat de maire peu de temps avant de disparaître. Sa mort va bouleverser le nom de la Société, comme je l’ai dit – fini Dirat et Get frères, place à  Get Frères  tout court !

 

     Malgré ses responsabilités Jean Get ne donne pas  ses activités  à la famille, il devient le premier magistrat de Revel de 1858 à 1870. Nous sommes sous le Second Empire.

     Durant la période, Napoléon III octroie quelques libertés pour se concilier les ouvriers et opposants libéraux au régime et une loi même autorise la liberté des réunions électorales . 

     A Revel en 1862, les frères des Ecoles Chrétiennes dispensent leur enseignement, dans l’école face à la place de la Barque et en 1864, hélas, une épidémie de « pébrine » détruisant les vers à soie, cause bien des soucis au maire Jean Get.

 

     En 1865, Jean Get rencontre souvent l’architecte du département en vue du remaniement total de l’église.

     Jean Get s’intéresse au moindre fait de ses administrés comme en témoigne une simple lettre.

     Une lettre adressée a une dame Marie Bousquet, héritière du « Moulin de la Platrière », et j’ai eu cette source par Monsieur Bézian que je remercie. Cette lettre nous révèle que le lieu dit  où s’élèvent les vestiges du moulin,  moulin bien sur depuis longtemps rénové, et avec un style, se nomme la plâtrerie.

 

     Il fonctionnait encore en 1865, la lettre de Jean Get à Marie Bousquet précise « qu’elle a une charrette, qui lui sert impunément pour le transport de la pierre, qui sert à fabriquer le plâtre mais elle ne fait le voyage qu’entre Revel et Ricaud qui se trouve dans l’Aude et vice versa ».

     Preuve est donc faite que le moulin à vent revélois écrasait du gypse .

     
Par cette lettre du maire Jean Get et grâce aux recherches de Monsieur Vézian,  et de Jean Hébrard, nous avons là l’explication du nom, du moulin de la plâtrière.

 

     Jean Get mène donc de front ses activités de maire et celles propre à la fabrique.

      Ainsi son frère et lui se doivent de déposer la marque du Pippermint , ce dépôt a lieu le 18 juillet 1868 près du Tribunal de Première Instance  de Villefranche de Lauragais.

 

     Un exemplaire de la bouteille est déposé selon la loi aux greffes du Tribunal de Commerce de Toulouse. Deux étiquettes authentifient cette bouteille, une rouge la grande, dite semelle, une plus petite dite grand col, impression rouge sur fond blanc.

     Autres éléments personnifiant la bouteille,  deux cachets l’un vert l’autre blanc marquant de leur empreinte la cire recouvrant le bouchon , cachet vert pour la liqueur verte, cachet blanc pour une autre liqueur des Get servant surtout à la préparation des cocktails.

 

     Retrouvons Jean Get maire de Revel, sous son premier mandat, en 1868, sont approuvés des plans et devis de l’agrandissement de l’église Notre Dame des Grâces.

     Dès 1869, le maire Jean Get assiste à la mise en chantier de l’hôpital-hospice du à la générosité de Jean Joseph Roquefort, décédé en 1860.

     La Troisième République étant proclamée, après le désastre de Sedan, Jean Get redevient maire, de 1871 à 1878.

     Il est Chevalier de la Légion d’Honneur, Officier de l’Instruction Publique, membre de la Chambre de Commerce de Toulouse, et Conseiller Général de la Haute Garonne.

     Pierre et Jean Get verront s’élever de 1872 à 1875 les bâtiments de la fabrique Get, sur un ancien fossé de la ville.

     Un ensemble que nous connaissons bien, avec au fronton le groupe sculpté qui le décore, deux éléments allégoriques, l’un planté du pilon des chimistes, l’autre le caducée attribut de Mercure, symbole du commerce, ces deux éléments  soutenant  les armoiries de la famille, la fameuse bouteille sur écu en forme d’un bouclier.

 

     En 1876 le maire Jean Get, présidera à l’édification de la fontaine des Trois Grâces .

     Cette fontaine des Trois Grâces fut édifiée sur l’emplacement  d’un vivier communal, à l’entrée de la route de Castres .

 

     En 1878, Jean Get verra s’élever la façade au style composite  de l’église.

     1878, c’est aussi l’année où sera construite la maison de famille des Get , maison de noble et belle allure angle du boulevard Carnot et avenue Roquefort.

 

     Et l’épopée familiale des Get se poursuit.

 

     Nous sommes en 1883, Jean Get a 67 ans, il dirige l’entreprise, aidé en cela par Auguste Astor, se sentant vieillir, Jean Get confie les rênes à son gendre Louis Gabolde.

 

     Et les bouleversements à la tête de la fabrique continuent, il en est ainsi pour Auguste Astor, éminent professeur, qui regagne son poste à la faculté de Grenoble, remplacé par Gaston Astre gendre également de Pierre Get.

 

     1884, n’oublions pas, naissance à Revel de Vincent Auriol, et place de la barque l’Ecole Laïque remplace celle des Frères.

     Alors qu’à Paris l’Exposition Universelle bat son plein, avec l’inauguration de la Tour Eiffel, en cette année 1889, s’éteint hélas Pierre Get,  le 19 juillet.

 

     A l’aube du XXème siècle, nous sommes en 1898, les renouvellements des dépôts des marques revendiquent la présentation de la bouteille conditionnée, les étiquettes et cachets, le nom de Get frères et la signature.

 

     Tout bascule à cette époque là vers l’insouciance et les fêtes en ce passage d’un siècle à l’autre.

     C’est le temps du « frou – frou », des affiches modernes, de Toulouse-Lautrec,   on tourne le dos aux convenances et c’est dans l’agitation du monde artistique que Paul Cézanne précurseur de l’art moderne, donne une place de choix à la fameuse bouteille des Get sur une de ses natures mortes.

 

     Fut-il séduit  Paul Cézanne par la forme de la bouteille, fut-il séduit par la couleur de la crème de menthe après en avoir apprécié le goût, toujours est-il que cette toile est un des fleurons de la National Gallery of Art à Washington.

 

  

   

 

     1900 le Caf’conc fait recette, Maurice Chevalier connaît ses premiers succès, à Revel on danse car si vous ne le saviez pas, on danse au Casino, car il y avait un Casino  « celà n’a rien à voir avec le Music Ciné, situé sur la grande allée".

 

     Mais hélas, Jean Get ne vivra pas cette belle époque, il s’éteint le 18 avril 1900, il avait 82 ans.

     Dès lors en janvier 1901, la Société Get Frères devient « Société Anonyme Familiale » sous le nom de « Le Pippermint ».

     L’arbre généalogique des Get porte les noms de gendres successifs, des noms de famille bien connus à Revel,  les Gabolde, les Martin, les Astor, Malaterre et plus près de nous Monsieur Pierre Prosper et la famille Jean Gabolde.

 

     La famille Get aura depuis sa fondation maintes fois changé de raison sociale, mais le Pippermint n’aura pas varié dans sa qualité et ses vertus. Oui le Pippermint restera cette belle et séduisante crème dans sa robe verte.

     Si le succès du Pippermint fut dès sa création de toutes les fêtes chez les grands comme chez les plus humbles, n’allons pas croire – n’allons pas croire pour autant que les Frères Get eurent la vie facile pour imposer leur marque  ce serait se tromper.

     Un article de la fin du XIXème siècle, nous éclaire sur les obstacles que durent franchir Jean et Pierre Get avant que de vaincre.

     
Il s’agit là d’un véritable plaidoyer pour la défense des Get et de leur Pippermint.

     Au début même de son arrivée sur le marché, les frères Get eurent à se prémunir contre les imitations tant étaient nombreux ceux qui essayaient de s’appliquer le bénéfice de cette production.

     Les Get furent prudents en adoptant je cite « une orthographe, une dénomination particulière - je l’ai déjà dit - dont la consonance rappelle l’étymologie de la plante principale qui entre dans la composition de l’ offrerie :  fin de citation.

     Il est rappelé dans cet article qu’existait au début en 1796, une fabrique qui n’était pas au début de grande importance régionale fondée par Pons. Sa grandissante renommée était encore loin de son apogée. Le Pippermint n’étant arrivé que plus tard en 1862.

 

     En fait Get découle de Pons, le Pippermint né à Revel et ayant grandi  ne présente plus qu’un pieu souvenir tant lié à sa mère nourricière la Montagne Noire.

     Il y eut des multiples procès et des jugements établissant que Get Frères avaient la propriété exclusive du nom de Pippermint décision du Tribunal Civil de Première Instance de Marseille en date du 31 juillet 1872.

     Défense de se servir de l’appellation Pippermint même en la faisant suivre du mot « imité ».

 

     Le Get qui ne connaît ses vertus apéritives, digestives,  toniques, reconstituantes, et aussi comme le déclarait l’éminent médecin Rousseau au XIXème siècle « la menthe poivrée est parfaitement indiquée dans la période de concentration du choléra asiatique et ses vertus aphrodisiaques, merveilleusement qui croît dans les rochers et que l’on combine dans des proportions définies avec des éléments de nature diverse »

     Là était le secret et je dis – là est le secret !

     Dès sa sortie de la fabrique Get, le Pippermint vit rapidement augmenter ses fervents, non seulement aux terrasses des grands établissements mais aussi dans les moindres cafés . Tous étaient séduits par ce qu’on peut dire – le scintillement de son émeraude -  dans la glace et le cristal.

     Une brochure des années 30 nous restitue, grâce à une délicate illustration, l’ambiance d’un café de cette époque.

     Les femmes portaient de larges chapeaux, d’autres des cheveux à la garçonne, des hommes portant un gibus, des garçons de café aux cheveux gominés, guéridons blancs, c’était là, toute l’atmosphère d’un moment privilégié où l’on buvait le Pippermint un moment si bien nommé à l’époque  - « l’heure verte » -

 

     Une autre brochure des années d’avant 40  rappelle qu’on l’appréciait lors des grandes randonnées  dans les camps et dans la brousse, partout ou sévit la soif et se fait sentir le  besoin d’un cordial sans danger et je cite le mot ... « et très peu alcoolique » ... fin de citation.

 

     La silhouette de la bouteille du Pippermint Get est tellement sympathique et familière aux Marsouins qu’elle surgit dans leur pensée à une heure épique lors d’un assaut victorieux.

 

     C’était le jour de la prise de Pékin le 16 août 1900.

 

     Une compagnie française de marins ... de marsouins escalade la colline de Peïtang  et plante son pavillon au sommet, sur une tour de forme caractéristique que les troupes baptisent aussitôt « la bouteille de Pippermint ».

 

     1907, autre épisode à retenir , cette année là, eurent lieu des élections pour mettre en place  les Conseillers siégeant aux Conseils d’Arrondissements de Villefranche.

     Deux amis se présentèrent sous l’étiquette dirions nous de « candidats tendances royalistes régionalistes » contre les partisans de Clémenceau.

     Il s’agissait d’Auguste Get,  né le 2 novembre 1859 fils de Jean Get sans descendance, et du musicien de Saint-Félix de Lauragais – Déodat de Séverac- .

     Tous deux furent élus et célébrèrent leur victoire au cours aux cours d'agappes à Saint-Félix.

     Il faut dire qu’en 1904, Déodat de Séverac avait fondé une harmonie à laquelle il avait donné pour nom  - « la Lyre du Vent d’Autan » – c’est au soir - au soir - de leur élection  que le musicien auteur d’œuvres d’une inspiration franche et spontanée témoignant d’un goût très sur de la couleur  proposa pour le piano sa valse brillante  intitulée « Pippermint Get ».

     
A propos de cette valse, rappelons qu’il existe une version pour grand orchestre symphonique et orchestre d’harmonie – je remercie le Docteur Pujol pour m’avoir donné ces renseignements – cette valse fut du reste jouée en 1995 ici au Centre Culturel par Dominique Plantade musicien qui obtint le Premier Prix du Conservatoire  au Conservatoire National de Musique de Paris.

     A présent que dois vous dire que je me souviens du temps - et je vous donne ma parole que c’est vrai - ou venant ici rendre visite à la famille Roussilhe , le père François Roussilhe-Galaup qui était le Préparateur me faisait voir le coffre où était enfermée la recette .

 

     Ce Roussilhe avait succédé à son oncle le Préparateur Galaup, époux  d’Emilie Get une branche latérale . Je l’entends encore me dire  - François Roussilhe Galaup me dire – «  Cette fameuse menthe, petit, contient une huile essentielle  qui associée par distillation, par macération,  à d’autres produits végétaux  à pour résultat de développer les effets de la menthe ».

 

      Je le revois- je le revois -  ce préparateur ce fier gardien du secret , je l’entends de nouveau « si tu manques d’appétit , petit, si tu souffres de l’estomac, si tu as mal à la tête, si tu as des insomnies, ou mal aux nerfs  bois du Pippermint »...  En un mot c’était ça !

     C’était là des paroles d’un préparateur chevronné . Avec lui on pouvait visiter la fabrique, et je ne m’en suis pas privé ! Il y a longtemps.

     Il rappelait les deux années de travail des Frères Get  pour mettre en place une phénoménale machine à distiller,  dès 1862.

     Il en parlait comme s’il avait assisté à l ‘événement - bien sûr, il n’était pas né à ce moment là –

     Il montrait les multiples appareils, les tuyauteries reliant les différents récipients, « aucun transvasement manuel » nous disait-il.

     Dans le laboratoire principal il désignait les énormes alambics à panse renflée, les « conges »  de fabrication, - je ne savais pas ce que c’était – c’est à dire de vastes récipients de cuivre.

     
Il me parlait des alambics qui jusqu’au milieu du XVIIIème siècle étaient restés vraiment primitifs ...
Ce préparateur, bien connu des anciens revélois,  précisait que les alcools obtenus avant le XVIIIème siècle,  ne pouvaient être que d’une assez grande impureté.

     Il connaissait tous les détails de l’évolution des alambics  - je l’entends me dire  - oui

     « qu’avec le XIXème siècle était né la mode des liqueurs, après le dessert on passait au salon pour prendre le café et les liqueurs qui en étaient l’indispensable accompagnement».

     A ses cotés on pouvait voir les Pons chassant la liqueur verte dans les faisceaux de décantation.

     Nous devons avoir présent à l’esprit  le lieu où les bouteilles étaient conditionnées enveloppées non loin d’ici.  Il y avait là également l’entrepôt de sucre,  des menthes, des infusions servant à de multiples liqueurs, eaux de noix, crème de menthe, de moka, de vanille, anisette, curaçao, alkermès, à base de cannelle et de girofle, eau de vie de Dantzig, huile de rhum, etc... 

     Je revois avec lui l’échelle  énorme, je revois  les bois de tressage,  calibrés, marqués, les noms des pays destinataires  - j’étais adolescent – et ces noms m’entraînaient vers l’Indochine, les Indes, l’Afrique du Nord, l’Egypte, l’Amérique du Sud, les Etats-Unis, les pays Anglo-Saxons.

     Les caisses embarquées à Marseille, au Havre, Bordeaux .

     Et comment oublier les affiches publicitaires - les réclames comme nous disions à l’époque - hautes en couleur (1) .

     Celle  de « la serveuse verte sur fond rouge », versant du Pippermint – une affiche de Chéret -  datée de 1901,  où il était écrit « le Pippermint dans tous les cafés, marchands de vins et épiceries »

     Et l’affiche dès 1930, de Jean Hylen (2) « La Fontaine Wallace » avec un bon bougre s’extasiant devant une bouteille  de Pippermint  muni d’une tasse. Et l’affiche  du bonhomme émeraude stylisé en multiples facettes vertes  créé en 1930  par Auzelle (3) et tant d’autres.

     Qui ne se souvient aussi des documents, diplômes, médailles glanées dans les diverses expositions  et rassemblés – vous savez par qui - par notre ami Jacques Batigne .

     Je revois aussi le christ aux côtés de ce fameux Roussilhe – François Roussilhe-Galaup - ... je revois aussi ce fameux Christ placé  au milieu du laboratoire et qui présidait aux travaux de la fabrique.
Le préparateur – toujours lui -   François Roussilhe-Galaup  - qui le savait de son oncle, me rappelait la date du 18 mai 1890, lorsque son éminence le cardinal Desprez, Archevêque de Toulouse  vint bénir la fabrique.

     Get pour Revel, ce fut aussi le rhum, présenté dans sa bouteille type  à trois faces  « Grand rhum de la Martinique » .

     Un rhum provenant de la pente des coteaux volcaniques des Antilles,  un rhum uniquement vendu sous certificat d’origine.

     
L’étiquette précisait que ce rhum (4)  se recommande aux connaisseurs par sa finesse, ses arômes et ses qualités stimulantes.

     Même texte en anglais sur la bouteille type « Get Old Rhum  Fourty Five ... 45 degrés ».

 

     Au bas de la bouteille l’inscription suivante « Dépôts et plantations et rhumeries  antillaises  Pippermint Get importateur  Revel Haute Garonne ».

     Senteurs grisantes du rhum, senteurs enivrantes du Pippermint ont imprégné les murs  où nous nous trouvons .

 

     De par la volonté et le dynamisme de Jean et de Pierre Get  ainsi que de leurs successeurs ont peut dire non sans fierté que Revel a pu revendiquer le titre de capitale de la crème de menthe.

     
Tous ceux qui ont vu cette exposition sont unanimes . Elle aura beaucoup apporté, les uns les plus anciens - je le sais - ont reconnu l’atmosphère de cette fabrique revéloise et une partie de leur jeunesse.

     Les autres les plus jeunes, ont découvert un aspect de Revel qui leur était inconnu. Et pour tous ce fut l’émerveillement.

 

     Oui on peut dire et écrire que cette exposition  aux multiples éléments recherchés patiemment, rassemblés et présentés avec goût - disons le mot  - présenté avec art . Elle n’a laissé personne indifférent.

       

     Tant elle a redonné vie à deux siècles d’histoire, à l’œuvre des Get et à une partie de l’histoire humaine de Revel, le tout indissociablement lié dans cette exposition unique.

     Le verre , le cuivre, les photos d’autrefois, les affiches, les cartes à jouer,  les slogans évocateurs, les éventails, les bouteilles, les mignonettes, les couteaux, les multiples objets, sont tous des éléments porteurs de nostalgie .

     
On a véritablement créé là un univers poétique, tout un passé jalonné de médailles , de signatures, de personnages photographiés en tenue de travail, constituant un remarquable ensemble sur lesquels veillent en majesté les bustes de Jean Get et de Pierre Get  qui ont retrouvé pour un temps leur univers évoqué avec talent.

     Tout cela m’a inspiré quelques vers, à l’octosyllabique...

 

     Affiches, documents, alambics et bouteilles,

     Eventails et grands livres sont autant de merveilles

     A qui veut retrouver le passé prestigieux

     De notre Pippermint crème verte des dieux .

      

     Get un nom qui sonne dans verte lumière

     Un nom qui de Revel couvrit la terre entière

     De par leur Pippermint ineffable nectar

     Les Get ont à jamais signé une œuvre d’art.

      

     C’était la saga des Get .... Et j’en aurais terminé par trois mots ... Comment mieux perpétuer le nom des Get qu’en l’identifiant à ce Centre Culturel  où je suis sur  - et vraiment sur - que souffle encore l’esprit qui anima cette illustre famille.  Merci !

 

 NOTES

-- 0-- sensibilité, aptitude à donner des sensations

-- 00 -- Martial (en latin Marcus Valerius Martialis), né le 1er mars 40 et mort vers 104 à Bilbilis (actuelle Calatayud, province de Saragosse, en Espagne), est un poète latin, connu pour ses Épigrammes, où il attaque, entre autres, les débauchés et les femmes âgées

-- 1 -- Voir publication sur Les Cahiers de l’Histoire n°15 – 2010 – (Société d’Histoire de Revel Saint-Ferréol) Les affiches GET de la bibliothèque municipale (médiathèque) par Claude Pouzol -  pp. 43 – 47.

-- 2 --Jean d'YLEN (pseudonyme de Jean-Paul BEGUIN) est né à Paris le 7 Août 1886. Il reçoit les Médailles de la Ville de Paris pour le dessin en 1898 et 1899.
Après des études aux Beaux-arts (1904), il dessine des bijoux pour des joaillers de la rue de la Paix.
C'est en 1912 qu'il crée ses premières affiches, en particulier celle du savon "Erasmic" grâce à laquelle il se fait connaître du grand public.
A partir de 1922, il signe un contrat d'exclusivité avec les imprimeries Vercasson et dessine des affiches pour les grandes entreprises de l'époque : Waterman, Ripolin, Shell, Jaquemaire, le porto Sandeman... et en 1931, il travaille à la décoration de l'exposition coloniale.
Parmi ses créations :
-1922- FERNET-BRANCA
-1927- "IDEAL" WATERMANN
-1928- Teinture IDEALE

-- 3 --Marcellin AUZOLLE (1862 – 1942) - artiste peintre illustrateur et chromolithographe, cet affichiste est surtout connu pour être l'auteur de l'affiche du film réalisé par les Frères Lumières "L'arroseur arrosé" (1896
Il crée également beaucoup d'affiches publicitaires, surtout pour l'industrie automobile.
Parmi les affiches qu'il a réalisées :
-1896- Cinématographe Lumière
-1902- L'Anti-dérapant DURANDAL
-1905- Gala PETER
-1905- Cycles Saving

-- 4 -- Bernard Blancotte remercie Madame Rispail...

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